Chaque fin d'année, je fais
des bilans. Non pas en tant qu'Eternelle nostalgique, ni même parce que j'ai
cette relation malsaine au passé. Non. Je fais le point sur l'année écoulée, je
fais le tour des événements, je dresse une liste invisible. Je note chaque
chute, chaque ouragan, chaque tempête, toutes ces choses qui m'ont ensanglanté
l'âme. Puis je me dis qu'après tout, je suis toujours debout. Alors je note
tout ce qu'il y a eu de positif. Et, chaque fois, j'ai ce même pincement au cœur.
Je me pose un million de questions, à base de 'Et si', je construits des
scénarios, je change de vie, en théorie, en coup de vent, vite passé. Chaque
année j'ai ce même cœur en miettes, ces mêmes rêves de papier, et je me demande
comment je fais pour être encore debout. Puis, je fais des résolutions que je
ne tiendrai pas. Je fais des projets, des plans sur la comète. Mais bon. Une
comète, ça tient pas en place, et moi, j'aimerais bien qu'elle reste une jolie
étoile, juste là, avec toutes mes envies.
Chaque année, j'attends le 31 décembre, comme les
enfants attendent le père Noël. J'attends la fin d'une époque, la fin d'une
tempête, la fin d'une guerre. J'attends minuit, je compte les secondes, comme
une porte ouverte vers ma libération, vers mon envolée, vers un nouveau départ.
Et chaque année, je me berce d'illusions. Cette année, c'est la bonne, je
renais, je revis, je suis heureuse. Et chaque année, je m'écrase à terre, je me
déchire les entrailles, et j'attends à nouveau patiemment la fin de tout ça. Je
fais des vœux aux étoiles filantes, je ne passe pas sous les échelles, je ne
renverse pas de sel, je n'ouvre pas de parapluie à l'intérieur, je prends soin
de mon karma. Mais, même comme ça, je continue de croire que j'ai été une
personne absolument horrible dans l'une de mes vies précédentes. C'est pas
possible autrement. L'Univers ne peut pas s'acharner autant sur quelqu'un, y'a
une mauvaise connexion, je sais pas.
2013 se termine dans moins de 48heures.
C'est l'heure du bilan.
La page blanche.
Je n'ai pas réalisé grand-chose. Je n'ai pas même
réalisé mes rêves. Je n'écris plus, je vis dans le même appartement, ah, si,
j'ai changé de boulot. Voilà. J'ai appris à tout plaquer, à faire ce dont
j'avais envie, j'ai appris à m'écouter. J'ai adopté un chaton. J'ai fais un
début de psychanalyse. Bon, certes, j'ai arrêté après quelques séances, mais,
tout de même, je ne pensais pas que cela m'aiderait réellement. J'ai appris à
ne plus culpabiliser sans cesse, et à faire ce que j'aime, pour moi.
Et surtout, pour la première fois de ma vie, j'ai
passé une année entière sans chute vertigineuse dans le vide. 365 nuits, et pas
une seule baignée de larmes et d'abandon. Même mon insomnie n'a pas eu raison
de moi. J'ai pas une vie trépidante. Il m'arrive de me décevoir moi-même. Mais
j'apprends à être heureuse, j'apprends à rester debout, à rester en vie. Et, au
fond, c'est probablement ma plus grande fierté.
Vivre en paix avec mes démons.
C'est là mon meilleur souvenir de l'année écoulée.
Alors, si tu veux bien, l'Univers, maintenant,
aides moi juste à avancer. Pas à oublier, pas à guérir, juste, une bonne grosse
dose de bonheur.
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