Les cellules du corps
humain se renouvellent. Une plaie se referme, cicatrise, et finit par
disparaître. Il n'en reste qu'une légère marque, que l'on finit
par oublier. Ma métaphore des genoux ensanglantés, que je tisse
depuis des années est au final bien trop bancale. Qu'en est-il des
bleus à l'âme? Ces coups invisibles que la vie nous donne, ces
souvenirs que l'on garde secrètement enfouis ? On s'invente des
images, « masque » « carapace » « je
vais bien ». Oui mais non. J'ai beau dire des platitudes, ça
m'a forgée, je suis plus forte, au final j'ai l'âme tellement
saccagée que je me demande chaque jour que Dieu fait comment je
tiens encore debout.
J'ai la mémoire qui me joue des tours. Elle
garde précieusement les pires instants de ma vie, elle le rejoue,
elle les revit. Alors, je garde ces souvenirs dans une petite boite,
scellée, je ne sais où. Ça fonctionne. J'oublie. J'avais même
oublié son nom. Et lui, son visage. Et elle, j'ai faillit ne pas la
reconnaître. C'est vrai, il avait raison, On oublie le visage et
l'on oublie la voix. On avance et parfois on arrive même à être
heureux.
Oui mais non.
Les bleus à l'âme, il ne se résorbent
jamais.
Il m'arrive, le soir, de pleurer, des heures durant,
« sans raison apparente », parce que cette douleur me
prend aux tripes, et qu'on n'oublie jamais vraiment. On essaye de
vivre avec, on s'invente mille vies. On joue à faire semblant. Et
j'me retrouve là, à me vider de cette douleur viscérale, à prier
le ciel pour que ça s'arrête, recroquevillée, à me demander
pourquoi. Pourquoi moi ? Pourquoi ça ? Et j'apprends à
croire au Karma, j'admire son œuvre. Oui mais moi ? Quand
est-ce que ça s'arrêtera ? Est-ce qu'un jour je saurais ce que
c'est, de n'avoir plus peur en marchant dans la rue ? Est-ce
qu'un jour les cauchemars s'arrêteront ? Et à mesure que
j'avance, les voix dans ma tête s'amplifient. Est-ce qu'un jour elle
disparaîtront ? Si je compte les étoiles filantes ? Si je
jette des pièces dans l'eau ?
Est-ce qu'un jour, je saurai
ce que c'est de vivre sans lutter au quotidien pour que la dépression
ne s'installe à nouveau ? Je pourrais cesser de croire en Dieu,
me dire que c'est impossible, que c'est beaucoup trop de souffrance
en une seule petite personne.. Mais si je n'y crois plus, que me
reste-t-il ? Quel espoir ? Le destin ? Le Karma ?
J'essaye de toutes mes forces de garder espoir et de me dire que « Le
Malheur peut être un pont vers le bonheur ». Qu'un jour, je
saurais. J'aurais la réponse à ces milliers de questions qui
s'entrechoquent.
Plus les voix s'installent, plus je suis
bancale.
« Mais ca va, je t'assure, ne t'en fais pas. »
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