J'ai tout le temps envie
d'écrire. C'est obsessionnel, maladif. J'ai les pensées qui s'entrechoquent et
qui prennent trop de place dans ma vie. J'ai les mots qui se glissent tout seul
dans mon esprit, mais après, quand il faut poser l'encre sur le papier, y'a
plus rien. Néant. Vide. C'est le chaos dans la plume.
J'ai pris le large. Ciao. Bye Bye. J'me casse. C'était le bordel dans ma tête
et il fallait que je parte avant que ça fasse un raz-de-marée dans le bide.
Crise d'asthme, crise d'angoisse, crise de boulimie, crise de migraine. J'ai le
corps en crise. Ca hurle à l'intérieur.
Bang
bang, you shot me down ;
Et
j'ai ces quelques mots constamment en tête. j'en ai presque fait une comptine.
Non. Non, y'a rien de drôle là-dedans. Quoi que, si. "A tendance". Ça,
ça me fait rire. "A tendance". Comme un sale défaut, comme une
bêtise. Ca minimise le truc.
Mais la vérité, elle est dans ma tête. La vérité, c'est que "A tendance dépressive"
ça veut dire "T'as tenu le coup plutôt bien pendant quinze ans, mais
maintenant, c'est plus drôle du tout. Maintenant, ce qui va être beaucoup plus
drôle, c'est la bataille quotidienne avec toi-même. Allé, montre-moi comment tu
fais pour être heureuse. Allé, je vais bien trouver un moyen de tout gâcher.
Bah, de quoi t'as peur ?", ça veut dire, selon les périodes, se forcer à
manger, ou à ne pas avaler tout le frigo ; ça veut dire, à tour de rôle,
détester son reflet, puis l'aimer d'amour, puis le détester encore ; ça veut
dire se souvenir, se battre pour oublier ; ça veut dire se souvenir surtout de
détails insignifiants, ressasser des petites batailles déjà gagnées depuis
longtemps, des coups aux cœurs, des chutes genoux-en-sang et toutes mes
métaphores à la con, des nuits de larmes, mais tout faire pour oublier la pire
des guerres qui, on le sait, est restée sur un drapeau blanc ; c'est avoir
envie de pleurer, tout le temps, quotidiennement, pour rien, parce que
l'enfoiré de devant a pas mis son clignotant, parce que merde, y'a plus de
lait, parce que qu'on se sent invisible, transparente, insignifiante.. "A
tendance", ça veut dire que je vais bien, que je suis moi, que bordel je suis
heureuse pour la première fois de ma vie, mais que la moindre chute peut me
mettre ko. "A tendance", ça explique le masochisme, le rejet perpétuel
du bonheur, l'envie de vengeance continuelle. Ca explique la peur, constante,
quotidienne. Ca explique les cauchemars.
"A tendance", ça explique surtout ma peur phobique - et apparemment inconsciente
- de la nuit. Le néant. Toutes ces conneries.
Et dix-sept ans sans dormir, c'est long.
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