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mardi 14 juillet 2015

Fall in love with taking care of yourself. Mind. Body. Spirit.

J'ai toujours eu une relation très conflictuelle avec mon corps. Au delà des maladies qui me donnaient l'impression de ne pas toujours être capable de maîtriser ce corps, comme si j'en étais étrangère, j'ai surtout toujours eu l'impression que ce corps dans lequel je vivais ne me correspondait pas.

Commençons par un "petit" historique. 


Enfant déjà, j'avais ce profond sentiment. Comme si j'étais de trop dans mon propre corps. J'ai jamais vraiment su mettre de mots là dessus. Comme si mon âme avançait dans l'espace en étant obligée de traîner ce corps comme un boulet. C'est pas le genre de choses qu'une enfant doit penser, pas vrai ? En ce temps là, beaucoup de choses sont arrivées d'un coup, la maladie, le trauma et même la dépression. J'étais une enfant blessée, j'étais une enfant déchirée. J'étais une enfant qui ne savais pas comment gérer ce corps meurtri. Puis, ma petite sœur est arrivée. J'avais un être à aimer inconditionnellement. Plus que moi-même. Il y avait ce bébé dans ma vie et toute mon existence a pris un autre sens. Je la prenais dans mes bras et je comprenais que j'étais sur Terre pour la protéger, que mon corps existait pour la tenir aussi fort. Puis, presque en même temps, on m'a aimée. Est-ce que vous vous souvenez de la première fois où on a posé un regard amoureux sur vous ? Il était mon premier amour. J'étais une enfant mais quand il me prenait dans ses bras j'étais la fille la plus heureuse du monde. Et dans ma tête toutes les blessures disparaissaient. J'avais juste envie d'être une enfant, d'avancer, de grandir comme tout le monde. 

Mais voilà, c'était impossible. Je déménageais beaucoup, j'étais jamais vraiment une personne à part entière. J'étais "le vampire", "perruque", la copine de, "l'intello", la fille qui lit son bouquin toute seule, qui était tout le temps malade. Mon corps a repris le contrôle. Je maîtrisais plus rien, et je commençais à prendre du poids. Un peu, mais suffisamment pour me comparer à mes copines. Tu entres dans l'adolescence, tout change, et faut avouer que tu comprends pas grand chose. Aaahhh, le collège.. 
Eté 2004, je ne sais pas trop ce qu'il se passe, deux tailles de soutien-gorge en plus. Les hanches qui se dessinent. Merde, j'étais pas prête. Et, visiblement, ça se voyait beaucoup. Dans ma classe on ne parlait que de ça. J'ai tout entendu "Tu t'es fais opérer ou quoi ?" "J'suis sure elle les a mis dans l'eau chaude pour réactiver la circulation et ça a grossit !" Jusqu'à ce qu'on me demande de toucher dans les vestiaires pour vérifier si c'était des vrais. Oui. A 14 ans. J'étais un peu contente parce que je plaisais enfin. A l'époque je réalisais pas que c'était pour de mauvaises raisons. L'année là j'ai découvert le fitness. Comme une révélation. Je comprenais que je pouvais travailler pour avoir le corps que je voulais. J'aimais bien cette sensation, les muscles qui travaillent. Moi qui détestais le sport, je découvrais une nouvelle sensation. Eté 2005, j'osais montrer mon ventre, il faut l'avouer, je me plaisais. 
Sauf que, j'ai pas très bien compris comment, ni pourquoi, cet été là, tout a changé. 

Eté 2005, donc, j'ai perdu pied. La nourriture était ma nouvelle obsession. Je passais des nuits entières cachée à pleurer en vidant les placards. Ça a commencé doucement et puis de plus en plus. J'ai pris 10kg. Sans prévenir, comme ça. Je mettais pas de mots dessus à l'époque parce que je le cachais. Mais, 10 ans après, on peut clairement parler de boulimie. Comme bien des adolescentes, j'ai sombré dans les TCA. Personne était au courant. Tu parles, c'est pas le genre de truc que tu assumes au grand jour. Mes meilleures amies étaient trois filles très minces et, forcément, je me comparais. J'me voyais comme la petite grosse du lot. Ça arrangeait pas vraiment le truc. Plus le temps passait plus je me sentais mal dans ma peau, tout en essayant de me convaincre du contraire. Tu connais la fille qui se persuade qu'elle n'a pas pris de poids et qui porte des vêtements trop petits ? C'était moi. Et autour de moi, on m'aidait pas vraiment. Jusqu'au fameux 'Je ne sais même pas comment tu arrives à te regarder encore dans le miroir.' Bam. La baffe. Prends toi ça dans la gueule.


Puis, l'homme est arrivé dans ma vie. Il m'aimait moi, avec mes kilos en trop, avec mes cheveux de playmobil, avec mes dents de travers, avec mes défauts. Sauf que moi, je continuais de prendre du poids et je me sentais de plus en plus mal. Alors il essayait de m'aider, de me confronter à mon corps nu. Comme dans cette émission à la télé, qu'est ce que tu aimes chez toi ? hm. Difficile. Mais, au moins, la boulimie était partie. Enfin.. Elle a vite été remplacée. Peu après, je suis retombée malade. Et j'ai arrêté de manger. Comme ça. J'ai perdu 20 kilos. Automne 2010, tout changeait à nouveau. C'est assez cyclique chez moi, vous en conviendrez. 







(2009-2010)



C'est là que tout commence. 

Cette année là, j'ai mis des mots sur tout ça. Le trauma, la maladie, les mauvais traitements que je m'infligeais. J'ai pris conscience de ce sentiment que je ressentais depuis plus de 10 ans, sans toutefois le comprendre vraiment. Il aura fallu que je tombe très très bas pour pouvoir me relever. Autour de moi, on me disait que je m'envolais, que j'avais trop perdu, que je devais faire attention. Je me suis fait opérer de la poitrine, aussi, je prenais un peu le contrôle je crois. Cette année là j'ai commencé à me débarrasser de toutes ces choses qui me foutaient à terre. Mon poids, ma poitrine, mes cauchemars. Enfin, j'essayais. Maladroitement. Et je me suis noyée dans tout ça. Lorsque j'ai recommencé à manger j'ai repris beaucoup de poids et mes obsessions revenaient. Je pouvais me peser tous les jours, plusieurs fois par jour. Manger puis me priver. Je pense que j'étais un peu paumée. Je voulais comprendre comment m'aimer enfin. J'avais besoin de savoir ce que l'on ressent quand on aime son reflet dans le miroir. Mais je n'avais pas encore compris que pour aimer son corps, pour faire la paix avec lui, il fallait déjà être en paix soi-même. J'étais torturée, j'étais blessée. Et j'ai recommencé à perdre beaucoup de poids. Je travaillais dans un restaurant, je me tuais au travail, je mangeais deux fois par jour, l'adrénaline me donnait ce qu'il me manquait. Et au final, c'était encore pas moi. J'avais perdu beaucoup trop de poids, l'amoureux lui-même me disait que ça ne m'allait pas, ça allait pas. Je crois que la vraie baffe, elle était là.

C'est là que j'ai commencé à me soigner. 

J'ai décidé de suivre une psychanalyse. Voilà. Rien que ça. Je me suis beaucoup interrogée sur moi-même, sur mes noirceurs, j'ai relu mes carnets. Au final, j'ai réalisé que depuis toujours j'avais ce vide en moi. J'avais ce besoin viscéral de me donner une consistance. D'exister. La nourriture me donnait un poids dans le bide, ce poids qui me faisait me sentir en vie. Je m'étais habituée à la maladie, même à la migraine. Parce que quand j'avais mal, j'existais.
Et là, je vais y mettre les mots, parce que la vérité est là, et qu'il n'est nul besoin de le cacher. Au final, Mon corps ne m'appartenait plus vraiment. Je pense que j'ai eu besoin de le maltraiter pour le récupérer. Sentir que j'en étais maîtresse. Il m'appartient, à moi. J'en fais ce que je veux. Si j'ai envie de le blesser, c'est moi qui le décide. Enfant, on m'a arraché ce droit, j'avais besoin de le récupérer, du moins inconsciemment. Je me faisais souffrir parce qu'ainsi, ce n'était pas les autres qui me bousillaient. 
Quand j'ai commencé à stagner niveau poids, j'ai réalisé que je me sentais bien. J'ai pesé 74kg, puis 53, puis 62, puis 51, puis 57, et là j'ai pas compris. J'avais repris du poids mais je me sentais enfin bien. J'ai réalisé que mon corps était fait ainsi, j'ai des fesses, j'ai des hanches et c'est ça qui me va. C'est pas en perdant beaucoup de poids que je serai enfin bien. Je ne vais pas vous mentir, mes obsessions sont endormies, mais elles sont là. C'est comme ça. Je n'ai jamais fini de soigner ma névrose, je l'ai simplement endormie. Et quand je m'approche des 60kg, elle se réveille. Elle voit le chiffre sur la balance et c'est comme un radio-réveil en volume maximum, elle sursaute, elle est là. Mais cette fois, j'ai pris le contrôle. J'ai commencé à faire du sport. C'était comme une révélation. Je voyais l'homme avec ses trois training/semaine et j'ai fais pareil. J'ai découvert une nouvelle facette de moi-même. C'est comme ça que j'ai appris à prendre le contrôle de mon propre corps, pas uniquement au niveau physique mais également au niveau mental. 

J'ai appris ce que signifie l'adage "Un esprit sain dans un corps sain".

En toute honnêteté, le travail mental est le plus difficile, particulièrement chez moi. J'ai des cicatrices à l'âme, des hématomes irrésorbables. J'ai 25 ans mais je reste cette enfant déchirée, cette gamine qui a peur de dormir. Je sais que j'ai encore énormément de travail et qu'il ne se fera pas tout seul. Pourtant, j'avance. J'apprends à me libérer un peu, à ne plus être mon propre bourreau. J'apprends être heureuse. J'apprends à vivre pour moi. Et j'apprends même à être fière de moi. Et surtout, doucement, j'apprends à m'appliquer à moi-même ces grands principes de vie que je n'ai de cesse de répéter à qui veut l'entendre. Comme Camille aime me dire : "Tu veux aider les autres mais t'es pas capable de t'aider toi-même". Ou quelque chose comme ça. 

Un corps, t'en as qu'un. Tu nais avec, tu meurs avec. Il traverse différentes modes, des décennies, des critiques, des jugements, des maladies, mais lui, il reste toujours là. Alors il faut l'aimer. Il faut apprendre à vivre avec. Si une chose ne te plait pas, fais en sorte de l'aimer. Je vais pas faire l'hypocrite, on a toutes des complexes, on déteste toutes quelque chose. Et bien.. Il suffit de travailler dessus. J'ai pas appris à m'accepter avec 20kilos de plus, je me suis acceptée parce que j'avais enfin lutté contre ce complexe. J'ai pas appris à accepter ma poitrine, je l'ai retirée. Point. Un corps, t'en as qu'un, tu te dois de l'aimer. Tu dois t'aimer avant même d'accepter que l'on t'aime. Tu dois t'aimer parce que tu dois être en paix avec toi-même. 
Mais tu apprends à t'aimer lorsque tu cesses de te comparer aux autres. Je sais que c'est facile à dire. Y'a plein de photos de filles super jolies, fines, avec des gros seins, maquillées retouchées et bla bla bla, et si j'étais comme ça et si j'arrêtais de manger.. Et si au lieu de ça, j'étais ma propre rivale ? Et si je me contentais de me comparer à moi-même ? Voilà. C'est tout. J'ai commencé à me comparer à moi-même, à ces photos de moi où je me détestais, Quand je finis une séance où je me suis surpassée, dépassée, je me sens bien. Apaisée. Et c'est tout. 

J'ai maltraité mon corps pendant plus de 10 ans, je l'ai gavé, privé, blessé. Et aujourd'hui j'ai simplement décidé d'en prendre soin. Il l'a mérité, il a flanché bien trop souvent et il me le fait payer. Je suis malade, je le sais, c'est comme ça. Je ne sais même pas si ça s'arrêtera un jour, mais c'est pas grave. J'apprivoise mon corps, je le chouchoute, je l'aime. Voilà c'est dit. Je l'aime. Et je le dis, je le montre. Quitte à paraître narcissique. Et puis au pire, où est le problème ? J'ai décidé d'aimer ce corps meurtri, endolori, avec ses cicatrices et ses fantômes. J'ai décidé d'aimer ce corps parce que j'ai travaillé pour qu'il ressemble le plus à moi. Aujourd'hui, j'ai 25 ans et je ne traîne plus ce corps comme un boulet, j'avance avec lui, fièrement. Je ne le cache plus par peur qu'on le regarde, qu'on l'agresse, qu'on le juge. Je m'en fiche. Si j'ai envie de le montrer, c'est que j'en suis fière. Et c'est plus aux autres d'en décider autrement. 






1 commentaire:

  1. Ma belle (tout à fait dans le thème),

    Tu as vécu des choses pas faciles. Les moqueries des autres sont un fardeau qui fait beaucoup de mal. Tu as vécu la transformation à l'âge adulte très tôt et ce n'est pas facile. Tu as même été dans les extrêmes entre boulimie et anorexie.
    Mais aujourd'hui tu es rayonnante. Tu as un corps de ouf. Tu as des formes de femme. Tu dégages une féminité, une sensualité à faire chavirer les cœurs. Perchée sur des escarpins, en baskets, dans des couleurs rouges, noires, avec des shorts, des jeans, des robes, tu es ravissante. Tout te va comme un gant. Tu n'as pas de complexes à avoir. Tes petites dents que tu trouves imparfaites rendent ton sourire encore plus charmant.
    Et tu sais, ton corps, il va encore évoluer. Ce n'est pas ta tête ET ton corps, c'est vous ensemble. C'est ton seul moyen de communication, de contact avec le monde extérieur. Sans corps, tu n'existes pas. Ton cerveau c'est ton corps. Ton corps n'est pas qu'une apparence, c'est aussi des organes, une voix, du sang, des pensées, des sons, de la lumière, de l'air, des gaz, des liquides, des boyaux, des os, des muscles... c'est un tout, pas si désagréable que ça vu qu'on ressent grâce à lui.
    Alors, oui, ce n'est pas facile, je suis très mal placée pour écrire ce commentaire, ce corps c'est nous, il faut l'assumer, le mettre en valeur, ne pas se cacher. Vivre, parce que c'est notre seul outils pour le faire.

    C'est con mais voilà, tu es belle, tu le resteras, peut-être pas à tes yeux mais aux yeux de tes proches, tu fais partie de la nature, tu es une femme, une belle création. Ta balance, c'est une conne qui n'a aucune valeur juste : si tu n'as pas été aux toilettes tu pèseras plus, sur la lune tu ne pèses plus, si tu n'as pas mangé depuis trois jours tu pèseras moins, tes os pèsent, tes seins pèsent, ton cerveau pèse, tes muscles pèsent (louuuuurds), tes organes pèsent, même ton âme (on dit bien qu'après la mort 13 gr sont perdus). Alors voilà, des données sur une balance... inventée par l'homme. Tu t'en fous. Mets ça au placard. Si on retire tout ce qui pèse, la graisse ce n'est plus grand chose. Tu es llllllllllllllllllllllllllllooooooooooooooooooooooooooooooooin d'être obèse, inutile de faire une fixette.

    Quant à la souffrance, il n'y a plus qu'à vivre avec. Tu dis qu'elle permet de se sentir vivre : oui, elle nous permet de reprendre conscience de notre corps. C'est flippant de se rendre compte qu'on contrôle ses bras, qu'ils font partis de nous, qu'on les utilise, qu'on les dirige, que sans eux on perd tellement de choses... Nous sommes fait comme ça, il n'y a pas tortiller pourquoi : deux pieds, deux mains, deux bras, deux jambes, deux yeux, deux oreilles, deux seins (seul mammifère avec l'éléphant!), 10 doigts, un nez, deux fesses, un dos, une tête, un sexe, une bouche...
    Il faut juste profiter parce qu'on est débout, on a tout notre corps en état de marche, certes il joue parfois à signaler sa présence mais c'est la vie. Aujourd'hui, on apprend à vite oublier qu'on a mal en prenant directement un cachet, de la drogue, de l'alcool... Et encore, tu penses que la douleur physique fait plus mal que la douleur morale?
    Nous sommes le miroir de nous-même.

    Allez, tu es belle. Oublie tes démons, ils sont loin derrière. C'est maintenant que tu vis, pas hier, pas il y a 5 minutes, maintenant. Alors, vis et emmerde ce qu'il s'est passé. Un jour, tu y arriveras, un jour tu auras ton bébé et la seule chose dont tu prendras conscience c'est de ton bonheur.

    <3

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