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mercredi 8 mars 2017

Toi.



Aujourd’hui, plus que jamais, je pense à toi maman.
J’ai un peu les mains qui tremblent, les larmes me montent facilement.
Il y a tous ces chiffres qui sont partagés, ces témoignages, et moi, je ne pense qu’à toi.
On en parle pas souvent, on en parle jamais, mais je me souviens de tout. 

Je pense à tes larmes. A tes yeux au beur noir. Je pense à ces promesses que tu ne pouvais pas tenir. Je pense à ces cris. A Stefy qui se blottissait dans mes bras en pleurant. J’ai des souvenirs en pagaille de toutes ces fois où tu te battais pour survivre. Où tu lutais pour que nous ayons une vie, pour nous voir sourire, rien qu’un peu. Toutes ces choses que tu inventais, toutes ces escapades pour fuir, et nous rendre heureuses. Ces peluches que tu nous offrais parce que toi, tu n’en avais jamais eu. Ces câlins, tout le temps.
Je sais, j’ai souvent la mémoire qui flanche, mais je me souviens de chacun de tes mots pour me rassurer et me faire croire que tu allais bien. J’y ai jamais cru, maman. Mais je savais que tout irait bien tant que nous étions ensemble. 

Aujourd’hui, je pense à la femme que j’admire le plus sur cette Planète.
Tu nous as appris à ne jamais dépendre d’un homme. Tu nous as appris à élever nos voix, à nous imposer. Tu nous as dit que le bonheur se construit. Il ne fallait pas se quitter sans se dire qu’on s’aime, parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut arriver. J’avais jamais vraiment réfléchi à ces mots, mais je comprends aujourd’hui que nous n’étions jamais sures de ce que serait le lendemain. Tu nous as appris à nous battre, à ne jamais plier, ne jamais se laisser marcher dessus. Tu nous as appris que c’est pas parce qu’on est nées femmes que nous devons laisser les hommes prendre le dessus. Ça veut rien dire, ça. On peut faire tout autant. Tu nous as appris à monter des meubles, à cuisiner, à changer une roue, à conduire, et à être respectées. Tu nous as enseigné à vivre, en grand, chaque jour. Que le regard des autres ne compte pas, on s’en fiche des autres, on doit vivre pour nous.
C’est vrai, ça. 

Aujourd’hui je suis adulte, et j’attends avec impatience le jour où je pourrai élever ma fille dans cette voie là. Où je dirai ces mêmes choses à mon enfant. Où je lui dirai que c’est la femme la plus incroyable du monde qui m’a dit ces mêmes-choses là, et qui a fait de moi celle que je suis. 

Je ne te dirai probablement jamais ces mots-là. Je sais que tu dis avoir le cœur froid. Mais je sais que tu as un cœur immense qui se protège. Je le sais, aujourd’hui, que ces trauma à foison ont tout fait disjoncter. Je sais qu’aujourd’hui, tu veux vivre, et tu le fais pleinement. Parce que t’as pas eu d’enfance, t’as pas eu d’adolescence, t’as été trop adulte trop tôt, trop brisée, beaucoup trop tôt. 

Aujourd'hui, j'ai conscience de tout ça. Plus que jamais.
Tu sais, maman, aujourd'hui, je lutte chaque jour pour ces femmes-là. Celles qu'on a brisé, celles qui vivent avec ces mêmes bleus sur le corps. Ces bleus à l'âme qui ne se résorberont jamais. Aujourd'hui, je parle pour toi, à haute voix. Je m'indigne quand des hommes veulent prendre toute la place. Je crie très fort quand on ose me dire que c'est pas vrai, les femmes en bavent pas. Tu serais fière de moi, mais je ne le montre pas. Parce que j'ai pas envie de remuer le passé. Mais je parle fort, et je dis à Stefy de faire pareil. On le fait pour tes souvenirs gâchés. On le fait pour tes larmes. On le fait pour ton corps usé. Pour tes bleus sur le corps et à l'âme. On le fait parce que tu as fait de nous des femmes fortes.
Parce que tu as fait de nous des guerrières.

Je ne t’en voudrais jamais de quoi que ce soit, tu sais.

Tu es la femme la plus admirable et la plus forte que je connaisse, et je le sais, au fond de mon cœur, que si je tiens encore debout aujourd’hui, malgré tout ça, c’est grâce à toi.
Parce que tu me le chuchotait à l’oreille :
« Tout ira bien, je te le jure. On se sauvera. Ensemble. »
Et toutes les trois, on est plus fortes que tout.
Ensemble.

Et tout va mieux.


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