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mardi 8 mars 2016

Parfois, je voudrais ne rien ressentir.


Il y a ces mots qui me déchirent le cœur. Tout le temps. Partout. Dans la vraie vie, personne ne te protège. Attention, ne lis pas ça, n'écoute pas ça, ne va pas là, ça va te briser, te bousiller, ne fais pas ça. Il y a ces femmes qui témoignent, qui sortent de l'ombre, qui te racontent qu'elles ont été brisées, et tu comprends que tu n'es pas seule, mais au fond ça ne te rassure pas tellement. C'est là, noir sur blanc. C'est là et tu comprends que c'est pas normal. Toi, t'es là tu minimises tout depuis toujours, c'est rien, c'est pas si grave, j'exagère, mais tu vois bien que c'est pas normal, et ça te fout un putain de coup. Juste là. En plein dans le bide. Ça te retourne, t'es à terre, en sang. 

Il y a ces mots qui résonnent. Tout le temps. Ça résonne tellement fort à l'intérieur de ta poitrine que tout tremble, tu le sens, ça va se briser. Et tu sais pas vraiment pourquoi. 
Avant, c'était pas comme ça. C'était ton secret. C'était ce petit truc qui prenait beaucoup de place dans ta tête, mais que tu gardais juste pour toi, ça faisait pas si mal. Tu le mettais dans un tout petit coin, tu le pliais, en mille, tu le mettais dans une boîte scellée, dans un coin de ta tête. C'était là, ça déchirait la nuit, mais ça allait. Ça faisait pas si mal. Avec le temps, ça prend plus de place. Tu mets des mots sur tout ça, tu admets, et ça prend encore plus de place. Toujours plus. Avant, c'était pas comme ça, la douleur est devenue plus forte, et tu ne sais pas vraiment si toi aussi tu deviens plus forte, ou si tu y arrivais mieux, enfant. Tu sais plus vraiment. Y'a tous ces psy qui essayent de comprendre ton cerveau, ceux qui t'écoutent, ceux qui font dans le cliché, ceux qui te disent d'écrire ces lettres que tu n'arrives même pas à ébaucher, pas même une phrase. Tu rêves de les voir morts, tu imagines, qu'est ce que tu ressentirais ? Tu y penses, tu évites d'y penser. 

Y'a tous ces mots, partout. Ces femmes qui sont bousillées et toi tu te dis que tu es pas comme elles, t'es beaucoup plus forte, t'es debout. Alors tu te dis que tu exagères, que c'est pas possible que ça fasse autant mal aujourd'hui, tu te dis que tu fais peut-être comme elles, tu sais même plus vraiment ce que tu ressens, où est la vérité, à quel moment tout a changé ? Mais il y a cette douleur profonde, vraiment profonde. Il y a ces maladies qui apparaissent au fil des années, les unes après les autres. Elles sont là, pour de vrai, elles te détruisent, et au fond tu sais que tout ça, c'est un peu à cause du cerveau, c'est à cause de toute cette peine, de cette douleur. Tu sais que tes bleus à l'âme ne t'ont pas épargnée. Tu sais que tout ça t'a explosé à la figure, une grenade puissante dans le crâne. Tu sais que c'est pas normal d'être triste, si triste, tout le temps. Il y a tous ces mots qui tournent en boucle dans ton crâne, chaque seconde, ça ne s'arrête pas, ça fait mal tellement c'est fort. Tu essayes de toutes tes forces d'occuper ton esprit, tu t'épuises à te concentrer chaque seconde. C'est malsain, tu le sais. 

Tu le sais. Tu sais que c'est pas normal. Tu le sais, c'est pas dans ta tête.
Tu sais, au fond, que tu es forte. Tu t'en rends bien compte, quelque part.
Mieux, tu réalises à quel point tout ça a fait de toi quelqu'un de bien. T'es un peu bancale, mais y'a ce quelque chose en toi qui fait que les gens t'aiment bien. Tu sais pas trop pourquoi. Tu sais juste que t'as envie de garder cette guerrière en toi encore un peu. T'es pas seule et au fond, même si ça fait mal, si ça rassure pas, t'as envie de crier sur tous les toits que c'est pas normal, que c'est pas parce que t'es une femme que tu dois laisser un homme lever la main sur toi, que tu dois laisser un homme poser la main sur toi. Ta douleur, elle existe pour de vrai. 

Je peux te tenir la main, si tu veux. 
Je suis bancale, je pleure beaucoup.
Mais, si toutes les femmes bancales se tiennent la main, elles peuvent finir par marcher droit. 


Je suis une guerrière. 
Une putain de guerrière.
Mes cicatrices, tu les vois pas, elles encombrent mon âme.
Mais j'suis une putain de guerrière. 



2 commentaires:

  1. est chouette. Les articles rafraîchissants et bien écrits.
    Les phrases en anglais dans les articles français dénaturent l'ensemble. C'est dommage.
    Mais joli blog. Bonne poursuite.

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